Irma Perrot

Quand elle aborda le cinéma, elle avait déjà derrière elle de longues années de scène. Avec Antoine et Arquillière, Irma Perrot née vers 1855, avait beaucoup joué au Théâtre Libre (Boubouroche notamment, en 1893). En 1896, à côté de Gémier, elle créa le rôle de la reine Rosemonde dans Ubu Roi, lui octroyant, selon André Salmon, un accent auvergnat inattendu. Comédienne à talents multiples, elle se retrouvait en 1901 dans une tournée de chansonniers avec Yvette Guilbert et Mévisto. C'est en 1909 que le nom d'Irma Perrot qui a déjà passé la cinquantaine, apparaît pour la première fois dans un générique de film : celui de L'Assommoir où Capellani lui fait jouer Mme Boche. Il aura de nouveau recours à elle en 1914 dans son Chevalier de Maison-Rouge. La guerre passée, Irma Perrot se retrouve au théâtre dans la troupe du Grand-Guignol (en 1922 Un concert chez les fous et Au téléphone) en même temps qu'elle interprète deux films de Bourgeois: René Kervan et La Dette de sang. Irma Perrot joue maintenant les vieilles dames et c'est ainsi qu'elle apparaît coup sur coup en 1923 au théâtre, dans des créations mémorables: Liliom, Six personnages en quête d'auteur avec les Pitoëff et Knock, ce qui incitera Hervil à recourir à elle deux ans plus tard quand il réalisera la première version cinématographique de cette pièce. Entre-temps on a pu savourer la pittoresque composition d'Irma Perrot dans Feu Mathias Pascal de L'Herbier, où elle campait une véhémente ivrognesse, la Caporale. Elle est tout aussi bien capable de s'astreindre à une extraordinaire sobriété comme en témoigne son personnage de paysanne âgée accablée par le drame, qu'on découvre en 1929 dans Sa tête, moyen métrage de Jean Epstein. Une présence toute simple, sans la moindre recherche d'effet, et Irma Perrot se révèle grande comédienne. Le cinéma parlant lui réservera encore quelques rôles épisodiques (Les Misérables, Raymond Bernard 1933) jusqu'à une apparition ultime dans Êtes- vous jalouse? d'Henri Chomette.